Maintenant
membre du Temple de la renommée
Michel
Gaudette, celui qui a changé la LNAH
!
dimanche 22 janvier 2017
Si Mario DeGuise a fondé la
Ligue Nord-Américaine de hockey
au début des années 90, Michel
Gaudette lui, a fait prendre le
tournant le plus important de
son histoire au début des années
2000. L'ancien commissaire de
la LNAH, qui fut en poste de
2001 à 2008, a été intronisé au
Temple de la Renommée de la LNAH
le 14 janvier dernier, au
Colisée Cardin de Sorel-Tracy.
En entrevue avec le Semipro
Magazine, Michel Gaudette a bien
voulu partager quelques moments
qu'il a vécu à la tête du
circuit senior majeur
québécois.
« J'en
conviens, c'est une longue
entrevue, mais si vous survivez
à cette longue lecture, vous
devriez y découvrir une
importante page d'histoire de
cette ligue de hockey, les
raisons de certaines décisions,
de certaines situations, bref,
en apprendre davantage ! »
Mais tout d'abord, précisions
que le natif de
Saint-Denis-sur-Richelieu a
complété ses études en droit, en
plus d'acquérir une certaine
expertise en gestion
immobilière. Il ouvre son
propre bureau d'avocat et plus
tard, il se découvre une passion
pour le hockey qui l'amènera à
devenir Gouverneur du Laser de
Saint-Hyacinthe, dans la Ligue
Junior Majeur du Québec de 1990
à 1994. Puis, il devient
président de la ligue de Hockey
Junior AAA du Québec de 1998 à
2001.
L'histoire commence en 2001
« En fait, c'est un peu grâce à
mon ami Denis Courville qui
était en poste après le départ
de Mario DeGuise en 2000. Denis
était venu me voir et m'avait
demandé de l'aider à refaire les
règlements. J'étais en campagne
électorale – ma deuxième au
fédéral -. J'ai été très «
chanceux » et je n'ai pas
passé.»,
raconte M.Gaudette avec humour.
« On était amateur à ce
moment-là et on appartenait à
Hockey Québec et on avait changé
le nom de la ligue pour la Ligue
sénior Majeur du Québec pour
être sur le conseil sénior et
participer aux activités pan
canadien, la coupe Allan et
toute la patente.»
D'ailleurs, pour Michel Gaudette,
la Coupe Allan est une étape
très importante de sa
présidence. Dès le début de
l'entrevue, il en parle
longuement. Pour lui,
participer à la Coupe Allan
était une façon de mesurer le
calibre de jeu du hockey senior
au Québec, vis-à-vis le reste du
Canada.
«« La Coupe Allan est décernée
chaque année à la meilleure
équipe amateur senior du hockey
au Canada. Elle est fondée par
le banquier et armateur Sir Hugh
Montagu Allan.»»
« C'est un fait marquant parce
que la 2e coupe de 2004, quand
on l'a gagné, on était encore
plus fort que celle de 2002. On
est allé par la suite à Nagano
avec l'équipe de Saint-Georges.
On l'a échappée en prolongation
contre les Tchèques, mais on
avait quand même gagné la
médaille d'argent. On avait
prouvé qu'on était de calibre
parce qu'on a joué à Nagano
contre des joueurs européens qui
étaient tous repêchés par la
Ligue nationale. »
« La Coupe Allan, c'était la
chasse gardée de l'Ouest
canadien, en 100 ans, le Québec
l'a gagné huit fois. Avant de
partir pour Nagano, Hockey
Canada nous disait qu'on n'était
pas assez fort pour jouer là-bas
parce que les gars sont plus
jeunes, sont repêchés, ce sont
des joueurs de plus gros
calibres. On a battu la
Finlande, les Japonais et les
Tchèques. Ils sont restés
surpris. On était très
compétitif. Mais, c'est là que
ça s'est retourné contre moi.
Là, on était devenu trop fort.
Il y a eu des plaintes et le
ministère du Revenu est entré
dans ça à l'effet que les
joueurs étaient payés. En
payant les joueurs, on perdait
notre statut d'amateurs et je ne
pouvais plus participer.
C'est là qu'on a été obligé
d'adopter le statut
professionnel, avec tout ce que
ça implique : arbitres,
organisations, organigramme,
etc. »
M.
Gaudette en
compagnie de Raymond
Lemay du
Saint-François de
Sherbrooke |
Pourquoi le nom de la
Ligne nord-américaine?
« C'est le changement entre le
statut amateur et professionnel. Quand on a fait ce travail-là,
on avait mis plusieurs vocables
sur la table. On essayait et LNAH, ça ressemblait à LNH. Il y
avait toujours notre ligue
semi-pro, mais semi-pro, on
n'était pas confortable parce
que c'était surtout pour le
statut amateur et ça ne donnait
pas une bonne définition pour
nos joueurs. C'était clair
qu'ils étaient payés.»
Puis, vint
le lock-out de la Ligue
Nationale
En 2004 arrive le
célèbre Lock-out de la Ligue
Nationale de Hockey (LNH).
Pas de hockey pendant une
saison. C'est donc
l'occasion parfaite de faire
connaitre le produit aux Québec.
La LNAH, le meilleur calibre de
hockey au Québec après le
Canadien de Montréal.
«
Ce fut l'année de toutes les folies
parce que tu arrives avec des
propriétaires hyper-riches. Ce
fut la dernière vague où les
arénas ont été bondés à craquer. Le Colisée de Verdun était
bourré entre Les Chiefs et les
Dragons. À
Québec, le Radio X, il y avait 15 000
personnes. C'était assez
spécial. Ce fut notre période
faste, mais en même temps... suicidaire
! »
« On a essayé d'établir un
produit, mais je ne pense pas
que la structure était capable
d'absorber ça. Il fallait
établir la qualité du produit,
mais j'avais des propriétaires
qui étaient démesurément riches
par rapport à d'autres et
naturellement, quand tu es
riche, tu n'écoutes pas. Le
produit a dérapé complètement et
ce fut une période difficile. Je
trouve que la période actuelle
est beaucoup plus belle. »
Le virement jeunesse,
c'est vous?
« Oui, on a commencé ça parce
pour se démarquer du "semi-pro", des
joueurs plus âgés et parfois,
plus lent. On voulait des joueurs qui
finissaient leur Junior, leur Universitaire, leur périple aux
États-Unis et qu'ils viennent faire leurs études
ici, en même
temps de nous donner une belle
qualité de hockey plus
rapide et beaucoup plus
intéressant. Le produit est en
train de vraiment représenter le
hockey qu'on doit avoir :
robuste, mais rapide et du
talent et donner un bon
spectacle autrement que d'avoir
des bagarres gratuites. »
Depuis 2004, à cause de ce
virage jeunesse, on a gardé
notre calibre de jeu fort?
« Les jeunes, après leur périple
ils se demandent où ils peuvent
aller? Si on arrive à leur
fournir une opportunité de
fournir du hockey valable et de
haut niveau et qu'ils ne sont
pas là pour se faire casser la
gueule, c'est ça qui est
intéressant. »
L'actuel
Commissaire de la LNAH, Michel
Godin et Michel Gaudette
Les finances : comment vous
comparez les finances de 2004
versus aujourd'hui?
« C'est plus réaliste et ça peut assurer la longévité de la ligue.
À l'époque, j'avais eu des
discussions avec les gars comme
Forcier et Maurice Fillion à
Québec et on me disait que le
gros défi était d'établir un
plafond salarial parce que si tu
ne réussis pas à établir ça, tu
vas tuer ta ligue. Tes joueurs
vont tellement t'en demander que
tes équipes ne pourront pas
suivre. J'entends aujourd'hui
que les propriétaires ou les
gouverneurs ont une bonne chimie
entre eux. »
« Ceux qui ont un intérêt pour
la ligue, réussissent à
s'entendre pour avoir des
paramètres équilibrés et trouver
des bons propriétaires pour être
en mesure d'avoir une certaine
uniformité et avoir une bonne
organisation dans chacune de
leurs villes et surtout des gars
de hockey parce que ça nous
manquait beaucoup. Pas juste de
l'improvisation, mais des gens
avec des patrons de jeu et être
capable d'intéresser les bons
joueurs. Je pense que ça s'est
amélioré beaucoup. »
La couverture médiatique
Lorsque M. Gaudette est arrivé
en poste, on sentait dans son
entourage qu'on cherchait
l'attention des grands médias
nationaux, autant écrits
qu'électroniques (Journaux, Tv,
Radio), mais ce ne fut pas le
cas, du moins, pas autant qu'on
l'aurait souhaité. Bien que les
médias régionaux étaient
présents et appuyaient les
équipes dans la plupart des
villes du circuit, vint un
nouveau joueur que personne
n'avait vu venir... Internet.
C'est à ce moment que sont
apparus des sites internet
spécialisés « ...comme le
Semipro Magazine,
Journalsports.com), de même que
les forums de discussions, qui
permettaient aux équipes de
prendre le pouls de ses
partisans... sur le champ.
J'ai donc demandé à M.Gaudette
s'il a été déçu de la couverture
médiatique ?
« On avait réussi à l'époque à faire publier les sommaires des
matchs dans le Journal de
Montréal. À l’époque, si tu
n'avais pas le Journal de
Montréal, point de salut.
Aujourd'hui, avec Internet, on a
trouvé une façon d'avoir un
suivi de tous les matchs
autrement que de demander à un
journal de nous couvrir.
Le Journal de Montréal l'a fait
une bonne partie du temps et
j'avais réussi à attacher ça. »
L'aventure TQS, la
referiez-vous?
Toujours au cours de la saison
2004-2005, la LNAH était
parvenue à s'entendre avec le
réseau de télévision TQS pour la
diffusion d'une dizaine de
parties. Après 2 ou 3
rencontres, TQS annonçait qu'il
mettait fin à l'entente sans
préciser pourquoi. Ce n'est que
plus tard qu'on avait appris que
TQS aurait souhaité des bagarres
générales à chaque match
télévisé.
« Je la referais plus tard et avec un contexte beaucoup plus
épuré. Le problème qu'on a eu,
on n'était pas encore mûrs pour
ça. Il y avait des
propriétaires qui ne croyaient
pas au produit que je voulais
mettre sur la glace. Montrer ce
produit-là à la télévision, ce
n'était pas une bonne idée. TQS
voulait plus de batailles et je
ne pense pas qu'il fallait le
faire, ça dénigrait notre ligue,
mais aussi notre qualité de
joueurs et notre monde. C'était
spécial, le producteur entrait
dans le vestiaire entre les
périodes et disait aux joueurs
de se battent..., ça n'avait
aucun sens. »
« L'autre point qu'il faut dire : TQS devait mettre de l'argent,
mais n'en a jamais mis. C'est
moi qui a du joué au producteur
et aller chercher les
commanditaires pour payer ça.
RDS a présenté une dizaine de
matchs, mais eux non plus n'ont
pas mis une cenne. Ça coûtait
une fortune. On voulait
faire connaître notre ligue
pendant le lock-out, parce que
les télévisions cherchaient des
produits pour meubler leur temps
d'antenne. Aujourd'hui, c'est
sûr que ça ne serait pas
possible. »
« Aujourd'hui, la ligue est là
où elle doit être. Ce sont des
capitales régionales. À mon
avis, il manque un peu d'équipes
pour occuper le terrain. Il
faudrait que des anciennes
équipes reviennent. (comme
Saint-Jean, Sherbrooke,
St-Hyacinthe ou Granby) Il
faudrait trouver des bons
propriétaires avec de bonnes
structures de hockey. »
Qu'est-ce qui vous a poussé vers
la sortie?
« Personne ne m'a poussé vers la sortie. Matériellement, je
n'avais plus le temps. À l'été
2008, je venais d'acheter une
concession automobile Ford à La
Salle. Avant, j'étais à temps
plein là-dedans, mais je ne
savais plus trop où me lancer.
Rendu à Noël, je ne pouvais plus
suivre. Les ressources étaient
là. Moi, j'aurais été prêt à ce
que Michel Godin prenne ça en
juillet. Finalement,
j'étais pris comme dans une
souricière. Si je ne
provoque pas les choses, il
n'arrivait rien. Quand je
suis arrivé en décembre, tout
était planifié. C'était le
bon temps de faire la
transition. Je leur ai dit
GO, vous avez les ressources
pour le faire. Michel est
un fonctionnaire municipal et
avait plus les ressources pour
suivre les activités de la
ligue. »
Que feriez-vous autrement?
«
Je serais beaucoup plus strict
au niveau de la composition
d'une équipe de hockey avant
d'accepter un groupe. Qui
sont les propriétaires ?
Qui fait partie de la structure
de hockey ? Dans une ligue
comme la nôtre, il ne faut pas
penser que c'est quelque chose
de facile à trouver de bons
propriétaires, une bonne
structure de hockey pour
s'organiser. »
« On avait un problème d'image notamment avec la criminalité.
Mario DeGuise avait affronté ça
et il m'avait dit Michel
"n'accepte pas ça". Ce n'est
pas qu'on le tolère et qu'on
veut l'accepter, mais ça
s'infiltre et ce sont les
propriétaires qui viennent te
mettre ça dans les pattes. Ça
prend une centrale plus forte.»
« Ensuite, au niveau municipal, une ville comme Sorel ou
Saint-Georges, supporte leur
équipe. Quand tu arrives dans
une ville où ils veulent tout
t'arracher... c'est une autre
histoire. Si j'avais fait ça,
j'aurais pris plus de temps
avant d'entrer une équipe.
Aujourd'hui, le modèle
d'affaires est de 2000 sièges
pour les séries.»
Lors du
repêchage de 2005
Vous continuez à suivre la LNAH
?
«
J'aime ça. Je regarde
toujours Internet. Dans les
séries l'an dernier, je suis
allé à plusieurs reprises.
Je me prépare pour cette année.
J'ai mon chum Richard Martel qui
est embarqué à Jonquière.
Je le regarde aller et ça donne
de la crédibilité à la ligue.
Ce sont des gens qui ont une
respectabilité et à mon avis,
c'est par là que ça passe, mais
c'est difficile de convaincre.»
« Honnêtement, c'est du beau hockey régional. Ça patine, il
n'y a pas de niaiseries. Tes
équipes sont proches de ton
monde. Il y a une compétition
et les gens connaissent les
joueurs. Le fun aussi, c'est
des voir d'excellents vétérans
comme Hugues Laliberté
(qui était avec lui lors de son
entrée au Temple de la
Renommée). Les gens s'attachent et peuvent s'identifier à leurs joueurs. »
« Je
suis content de voir la
persévérance là-dedans. Ce n'est
pas simple être commissaire. Tu
as des décisions à prendre et tu
ne peux pas faire plaisir à tout
le monde. Il faut prendre
des décisions, même si tu es
controversée. Mais, 21 ans,
c'est un bail. Mario (DeGuise)
doit être content de voir sa
ligue, car il a parti ça à bout
de bras. J'ai donné 8 ans de ma
vie et je suis fier de cette
période. », concluait
Michel Gaudette.
À 66 ans,
Michel Gaudette dirige «Alliance
Auto Groupe» et est devenu un
personnage très impliqué dans le
domaine de l’automobile au
Québec. D'ailleurs, il est le président
du 49e Salon International
de l’Auto de Montréal qui se
tient du 20 au 29 janvier au
Palais des Congrès.
Depuis que Michel Gaudette et sa
conjointe Johanne Charpentier
ont créé ce groupe automobile,
ils sont devenus propriétaires
de neuf concessionnaires dans la
région de Montréal et de
Valleyfield.
Aujourd’hui, le groupe «Alliance
Auto Groupe» regroupe LaSalle
Ford, LaSalle Chrysler, LaSalle
Fiat, LaSalle Alfa Romeo,
Champlain Dodge Chrysler Jeep,
Lestage Chrysler, Mazda
Valleyfield, Nissan Valleyfield,
Mitsubishi Valleyfield et GM
Valleyfield. En tout, près de
300 employés, dont une centaine
pour la région de Valleyfield
travaille pour le groupe.
En plus de
lui vouer une grande admiration,
Le Semipro Magazine salue Michel
Gaudette pour l'ensemble de son
oeuvre.
Michel
Gaudette et Hugues Laliberté, au
centre |