(Jean Doyon, 30 juin 2022) – Le dur à cuire de 34 ans de Windsor, David Lacroix, alias « LACKER » qui évolue avec les Éperviers de Sorel-Tracy, a annoncé hier qu’il mettait fin à sa carrière de joueurs après environ 11 saisons dans la LNAH.
« J’ai mal dans les épaules, dans les mains, je traine des maux de têtes, fallait que je prenne cette décision. J’y avais pensé un peu avant, mais je n’étais pas prêt à arrêter. Sauf que les derniers maux de tête récemment mon fait dire qu’il était temps de passer à autre chose à 34 ans. », déclarait-il d’entrée de jeu.
Repêché en 2009 par l’Isothermic de Thetford, il sera échangé l’année suivante au Saint-François de Sherbrooke, qui deviendra Windsor. Il passera par Rivière-Du-Loup en 2013, puis Laval en 2014, mais il sera acquis des Éperviers au mois de janvier 2015 dans une transaction avec les Prédateurs de Laval. La transaction envoyait Sébastien Laferrière, Olivier Daunais, et des choix de 7e et 10e ronde au prochain repêchage à Laval, en retour de Lacroix, Vincent Arseneau et le premier choix des Prédateurs en 2015, qui finalement à été Dominic Léveillé.
Beaucoup de partisans le trouvaient courageux, s’il devait y aller, il y allait, il a travaillé fort pour y arriver, s’est entrainé énormément à devenir plus solide sur ses patins jusqu’à finalement succédé à Sébastien Laferrière à titre de #1. Selon Hockey Fights, il a une fiche de 233 combats à son actif dans la LNAH, pour 1212 minutes de punitions en saison régulière et 156 minutes en séries.
C’est un David Lacroix très serin qui était au bout du fil lors de l’entrevue, il vit bien avec sa décision, capable de bien expliquer sa situation dans un réalisme notable.
« Il y aussi que dans ma vie professionnelle (travail), je ne suis plus à la même place. J’ai un bon emploi, ça avance bien, c’est prometteur. » Lacroix est directeur chez Élite Chrysler à Sherbrooke. « Je m’occupe de la flotte commerciale, je commande des véhicules pour le dealer. Je me devais de me concentrer là-dessus. C’est comme je te disais, ça fait moins mal à la tête et aux doigts. (rire).», disait le résident du Lac Brompton, en Estrie.
Des Souvenirs
Puisqu’il annonçait sa retraite, fallait lui demander quelques-uns de ses moments importants de sa carrière, selon lui. « Je n’ai jamais fait de hockey mineur. Donc, d’endosser le chandail du Saint-François de Sherbrooke et de faire partie de l’équipe a été important pour moi, qui était partisan de l’équipe, lorsque plus jeune.»
Mais la 2e coupe en 2019 avec les Éperviers a été son moment de grâce.« Pour l’avoir joué (la série), l’avoir coaché (comme assistant), d’y avoir participé à fond sur la glace et derrière le banc, m’a rendu bien fier. Christian me disait de motiver les gars au maximum, il fallait aller chercher le « fond » de chacun.»
Le combat le plus fier
« Thomas Bellemare m’avait fait mal 2-3 fois quand je commençais, et tu sais Bellemare, il est solide et en plus c’est un c**** de bon gars. Alors, j’étais bien content de lui avoir fait plier les genoux une couple de fois par après. Mais cette année, et je ne suis pas gêné de le dire et écris-le, c’était lui le chef (Bellemare), c’était sa ligue. Il y a eu aussi une couple de bons combats avec Ryan Murphy des 3L, assez ouverts, le monde aimait ça. »
À l’inverse le pire moment, étonnamment, ce n’est pas un joueur que l’on se souvient beaucoup, mais David Lacroix mentionne le nom de Kevin Cormier de St-Georges qui l’avait assommé d’une gauche devant le banc des Éperviers.« Je me suis réveillé 15 secondes plus tard en voyant les gars me regarder l’air inquiet.»
Par contre, les partisans des Éperviers se souviendront fort probablement du mois d’octobre 2018 qui a été l’un des moments les plus inquiétants de l’histoire de la concession soreloise. C’était lors d’un match contre les 3L de Rivière-Du-Loup et l’incident s’est produit suite à une mise en échec de Chabot et Villemaire sur David Lacroix survenu à la fin d’une rencontre contre les 3L. Une mise en échec tellement violente que Lacroix en perdit son casque et sa tête est allée frapper violemment la baie vitrée.
David Lacroix fut sonné sur le coup, et resta étendu sur la patinoire. Il fut rapidement entouré des thérapeutes de l’équipe puis des ambulanciers, mais David se débattait et n’arrivait plus à respirer, ce qui a donné une scène assez terrifiante. Pendant un moment on a craint le pire. « Sur le coup, j’ai rien senti, mais quand je suis revenu à moi, je n’entendais plus la foule dans l’aréna et je voyais bien que le monde était apeuré. Le soir d’ensuite j’ai du recevoir 250 messages de gens qui étaient inquiets.»
Et Villemaire, il s’est excusé ? « Il m’avait parlé lors du match suivant contre eux, mais il savait très bien qu’il n’avait pas le choix de se chicaner contre moi (rire). Mais il s’est excusé peu après en me disant « ce n’est pas ça que je voulais pantoute, jamais je n’aurais voulu blesser quelqu’un ». À sa défense, je dirais que tu veux toujours donner le gros combat, ou la grosse mise en échec, mais tu ne veux jamais assommer l’autre, ni le blesser. Donc, je suis sur et certain qu’il me disait la vérité. »
Encore de la place pour un bagarreur ?
Lacroix a donné une analyse très intéressante de la manière dont est perçu son travail aujourd’hui dans la LNAH. Il dit que les jeunes joueurs qui arrivent n’ont pas vécu la période des bagarreurs sur le banc. Avant on pouvait dire qu’un combat pouvait changer l’allure d’une rencontre, mais aujourd’hui la perception est différente. « Tsé Dave Hamel ? Combien de fois on s’est battu et c’était des combats de fou là ! Bien aujourd’hui, les gars ne réagissent plus à ça, ils carburent moins à ça. Alors, on se demande si on a encore notre place. Eux, ils ne sont pas habitués à ce qu’un bagarreur change le momentum. Alors, c’est un peu ça aussi qui a penché dans ma décision. »
Deschênes surpris, mais compréhensif
De son côté le dg des Éperviers, Christian Deschênes a semblé quelque peu surpris par la décision « hâtive » de David Lacroix. « Il en parlait un peu au cours des derniers mois, mais je ne croyais pas que ce serait aussi tôt. » Selon lui, plusieurs joueurs du même genre (bagarreurs) ont cessé ou vont cesser de jouer au cours des prochains mois. « C’est un métier très difficile. Il n’en reste plus une tonne non plus. Nous, il nous reste encore Gaby Roch. », ajoutait-il.
Le proprio des Sorelois a tout de même rendu hommage à son homme fort.« David était aimé du public, c’est un gars sympathique. Il avait le respect des gars et tu pouvais l’amener derrière le banc à cause de ce respect-là. Il avait un travail qui dure environ 3 minutes par match, mais trois minutes intenses. Une « job » ingrate qui dure toute la saison, mais quand arrive les séries, qui est comme le gros « nanane » pour les joueurs, bien là tu ne peux pas trop de te permettre d’envoyer des joueurs-là sur la glace, en raison des punitions ou par stratégie. Et souvent, ça vient d’eux autres. Ils pensent tellement à l’équipe en premier, qu’il ne veulent pas prendre une chance de se retrouver contre le premier trio adverse et couter le but qui va faire la différence. Mais j’ai toujours tenu à ce que ces joueurs-là soient proches de l’équipe même en séries.», racontait Christian Deschênes.
D’ailleurs l’entraineur-chef des Éperviers l’avait connu à ses débuts dans la LNAH lorsqu’il était joueur avec l’Isothermic de Thetford. « Il devait affronter des gros bonshommes qui étaient à leurs apogées, alors que lui débutait. Il a travaillé fort pour devenir un #1, il a été patient, n’a jamais abandonné et il a connu une belle carrière et se retire aujourd’hui parce qu’il a décidé de se retirer, et non pas en raison de blessure qui le force à arrêter. Ok, son body est usé, mais c’est tout à son honneur ! », concluait-il.